Millie Bass : Partir… à New York devenir DJ (et faire danser Robert de Niro)

par | Jan 15, 2021 | Partir | 0 commentaires

© Inside Diaspora

Un jour, Johanna, journaliste parisienne, s’est réveillée avec l’envie de partir. Impossible de dire pourquoi, elle réserve un billet pour New York et s’envole avec une idée en tête : renouer avec la musique qui la faisait vibrer plus jeune. Aujourd’hui, elle peut se targuer d’avoir fait danser Robert de Niro sur l’un de ses sets et mixé en première partie de Maître Gims sur sa tournée américaine en 2019. Rencontre avec la plus Parisienne des dj new-yorkaises

Comment a commencé ton histoire avec la musique ? 

Ma mère écoutait de la musique sans arrêt : Julien Clerc, Madonna, Bobby Brown, de la musique ivoirienne et du zouk. Elle m’emmenait souvent en concert, j’ai même vu Michael Jackson et Whitney Houston. J’ai donc été contaminée par son amour pour la musique. En primaire, je suis montée sur scène pour une fête de fin d’année. Depuis, j’ai su que la musique marquerait ma vie. Au lycée, j’ai monté un groupe avec deux filles, on participait à des fêtes communales, des concours de chants et c’est comme ça qu’on a été repérées par une maison de disques. Le projet n’a finalement pas abouti et notre groupe s’est séparé mais de mon côté, j’ai poursuivi en travaillant le gospel durant quatre-cinq ans. C’est ça qui a cimenté les bases de ma carrière d’artiste et permis de travailler mon oreille musicale. A 21 ans, j’ai ressenti le besoin de faire une pause avec cet univers et je me suis concentrée sur mes cours de journalisme.

 

A la fin de tes études, tu choisis de partir pour New York, pourquoi ? 
Un matin, je me suis levée et j’ai décidé de partir vivre à New York. Je n’ai aucune explication rationnelle. Après avoir obtenu mon diplôme d’une école de journalisme, j’ai postulé pour un stage là-bas. On m’a contactée pour un entretien et je suis partie. Je n’ai pas été retenue mais sur place, j’avais une sensation de bien-être et de liberté. Un sentiment que j’avais rarement ressenti. Je me suis dit qu’il fallait que j’essaie de revenir pour m’y installer.
Comment as-tu préparé ton départ ?
J’ai pris des renseignements auprès d’une amie qui m’a donné des conseils pour obtenir un visa, j’ai trouvé un studio et j’ai pu quitter la France fin 2008.
A quoi as-tu pensé dans l’avion ?
J’étais un peu prise entre deux feux : il y avait l’excitation de vivre de nouvelles opportunités et la tristesse de quitter mes proches. 
En quittant Paris et tes habitudes, tu avais déjà en tête un projet de musique ? 
Absolument pas : j’avais définitivement tiré un trait sur la musique après mes cinq années passées dans le gospel.
Comment es-tu arrivée dans le milieu de la musique à NYC ? 
Au hasard de rencontres. En 2009, j’ai rencontré un producteur qui voulait collaborer avec des artistes. Un jour, en pleine session d’enregistrement, je faisais joujou avec l’un des contrôleurs sur la table de mixage et on s’est rendus compte que j’avais une bonne oreille. J’ai décidé de m’y mettre à fond : j’ai appris à composer, produire et écrire avec des producteurs qui ont cru en moi et qui ont pris le temps de partager. Ça a duré cinq ans. C’était très difficile parce que j’ai dû sacrifier beaucoup de choses, délaisser ma carrière de journaliste et de belles opportunités… Et en 2014, j’ai travaillé avec un producteur (Skallawa Productions), ensemble, on a envoyé des maquettes aux labels mais sans succès. En 2017, je me suis mise à écrire mes chansons avec un autre producteur « 12Keyz » qui a collaboré avec 50cent, Ashanti… J’ai sorti mon premier single et pour le faire connaître, je demandais à des DJ de l’inclure dans leurs sets. Un jour, DJ Etienne m’a suggéré de devenir moi-même DJ et de m’apprendre. 
As-tu eu peur les premiers mois ? 
Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur parce que je m’entrainais constamment. Par contre, j’ai toujours le trac avant de commencer à mixer lors d’un événement.
Et la peur aujourd’hui existe-t-elle ? 
J’ai toujours aimé prendre des risques et quand je prends une décision, je suis très positive. J’ai appris à voir au-delà de ma peur en me focalisant sur les moyens d’atteindre mes objectifs. Quand j’ai un but, je fonce tête baissée.

 

Avais-tu un plan B au cas où l’expérience ne marcherait pas ? 
La musique, c’est l’histoire de ma vie. Quand on a une passion, il n’existe pas de plan B. L’expérience marche dès l’instant où tu te lèves le matin et que tu décides de faire ce que tu aimes. Qu’il y ait un public ou pas. Il y a des soirs où j’ai joué devant deux personnes, d’autres devant trois mille. Pendant de longues années, j’ai fait de la musique sans gagner un centime mais j’étais tellement heureuse d’avoir des projets aboutis, de m’être dépassée, d’avoir appris sur moi… que le pari était gagné à mes yeux. 
Envisages-tu de revenir vivre à Paris ? 
J’aimerais toujours Paris, les Batignolles, le Marais, mon pain aux raisins et mon croissant chaud à sept heures du matin… Ça me manque tout le temps. Mais aujourd’hui, Paris est devenue étrangère pour moi. Elle a trop changé, je n’y ai plus de repères. Mais on ne sait jamais vraiment ce que réserve la vie…

 

Quel conseil donnerais-tu à une femme qui souhaiterait devenir DJ comme toi ? 
Dans le monde du divertissement, ne soyez pas une femme djette mais une DJ. Ne soyez pas une femme producteur, mais une productrice. On va souvent vous sous-estimer d’entrée de jeu, présumer de vos compétences parce que vous êtes une femme. Pour contrer ça, il faut être super performante. Mettez en avant votre professionnalisme et votre rigueur de travail. Votre vision en tant qu’artiste et votre identité. Entourez vous de personnes positives et soyez solidaires de vos collègues féminines.
Qu’as-tu appris sur toi au cours de cette expérience ? 
Je ne connaissais pas ma force de caractère jusqu’à ce qu’elle soit mise à l’épreuve en venant aux Etats-Unis. Avec du travail, de la constance et de la persévérance, je peux faire tout ce dont j’ai envie.
Si tu avais en face de toi la Johanna, le jour du départ, que lui dirais-tu ?  
Je lui dirais : « Ça ne va pas être simple tous les jours, mais tu vas prendre la meilleure décision de ta vie ».

Sur le même thème

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *