Eric Fottorino : « Au milieu du trop plein (…) j’ai eu envie de me concentrer sur une chose à la fois »

Eric Fottorino – Crédit : Francesca Mantovani-éditions Gallimard.
« Enlevez le Monsieur et dites Fotto, ça va plus vite et c’est plus vrai ! » Voilà ce que répond l’éminent journaliste Eric Fottorino à Marcel\le lorsqu’on lui demande comment on devient monsieur Fottorino. Simple, humble et accessible. C’est ce qu’est Fotto. Un vrai journaliste qui n’a pas eu peur d’envoyer valser le Monde (le journal) quand l’information devenait secondaire. Un homme qui préfère recommencer de zéro pour être en adéquation avec ses principes et ses valeurs du journalisme : « Je suis devenu Fotto en pédalant, en écrivant, en rêvant, en recommençant tout le temps. ». Cet homme croit en l’avenir, en la jeunesse et aux nouvelles tentatives. Lorsqu’on lui demande s’il se sent vieux ou jeune, il répond « de plus en plus jeune ». Evidemment. Ses réponses sont d’ailleurs courtes, incisives et justes. Elles vous percutent avec finesse. Cela fait d’autant plus de bien que ça se perd. Qu’il accorde du temps à Marcel\le en dit long, très long… Merci Fotto.
Vous avez notamment dirigé « Le Monde » pour ensuite créer « Le 1 », le journal le plus intéressant qui soit selon nous. Pourquoi et comment en vient-on à se dire « je ne vais écrire que sur un seul sujet » ?
Au milieu du trop plein, du grand vide, de la montée de l’insignifiance, j’ai eu envie de me concentrer sur une chose à la fois, en profondeur, d’inscrire du durable dans l’éphémère de l’époque, de rendre indispensable ce qui était impensable.
Nous vivons dans l’immédiateté et les informations doivent suivre le pas. Il nous semble que, de ce fait, nous ne nous posons plus de question ou du moins les bonnes… Chez Marcel\le, on voit en « Le 1 » la possibilité de faire une pause et de réfléchir à nouveau. Pouvez-vous nous décrire une conférence de rédaction type du « 1 » ? Comment décide-t-on des sujets ?
Réunion du lundi autour d’un déjeuner, avec journalistes, chercheurs, écrivains ( hommes et femmes). Pas d’ordre du jour. Qu’aimerait-on lire dans Le 1 ? Penser l’événement pour ne pas succomber à l’actualité (Hannah Arendt).
Qu’est-ce que le journalisme aujourd’hui, selon vous ?
Le journalisme c’est la curiosité, la capacité à se différencier, à aller voir sur le terrain, être sceptique en tout, ne croire personne tant qu’on n’a pas confronté les mots et les discours au réel.
Un avis sur le fait que la France n’occupe que la 33e place du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières ?
Sept milliardaires détiennent l’essentiel de la presse. L’indépendance est réduite à un slogan creux. Personne n’est indépendant face à l’argent et aux ambitions d’actionnaires puissants qui achètent de l’influence.
Avant d’enchainer avec le fameux questionnaire de Proust légèrement revisité, que souhaitez-vous à Marcel\le le webzine ?
Que Marcelle avec deux ailes vole haut, loin, longtemps et libre.
La qualité que vous préférez chez un homme et chez une femme : L’attention
Votre principal trait de caractère : Têtu
Votre principal défaut : (trop) gentil puis (trop) injuste si gentillesse prise à défaut
Vous vous sentez jeune ou vieux : De plus en plus jeune
Votre occupation préférée : Pédaler en ne pensant à rien
Votre rêve de bonheur : Que chaque jour soit une vie
Quel serait votre plus grand malheur : De n’avoir plus envie de rien
La couleur que vous préférez : Bleu ciel ( pour le bleu et aussi pour le ciel)
Vos auteurs favoris : Modiano, Gary, Duras
Vos poètes préféré(e)s : Eluard, Michaux, Yourcenar
Vos héros et héroïnes dans la fiction : Lieutenant Drogo dans Buzzati, Désert des Tartares ; Dora Bruder chez Modiano,
Vos héros et héroïnes dans la vraie vie (ou l’histoire) : Pas de héros, c’est aliénant
Votre état d’esprit actuel : Vacances
Votre devise : 1 pour tous, tous pour Le 1
Votre mot de la fin : Fin
Le nouveau roman d’Eric Fottorino “Dix-sept ans” sort le 16 août.
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