Nathalie Lété : « On a besoin de gaîté »

par | Mai 29, 2020 | Cultures, Les questionnaires | 0 commentaires

L’artiste Nathalie Lété – Crédit : Instagram @nathalie_lete

Dans « Histoire naturelles », Jules Renard définissait les papillons ainsi : « Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur ». Cette métaphore enchanteresse peut sans aucune difficulté être associée à l’univers de Nathalie Lété. Cette artiste et touche à tout française est née d’une mère tchèque-allemande et d’un père chinois. Depuis toujours, elle baigne dans un univers féérique et enfantin qu’elle s’est construit de toute pièce et qu’elle a agrémenté au gré de ses très nombreuses collaborations. Son destin fabuleux à l’univers coloré lui a été prédit à ses 18 ans par une voyante alors qu’elle rêvait de devenir hôtesse de l’air. « Mes plus vieilles amies m’assurent que je disais déjà petite vouloir être une artiste », affirme-t-elle sans trop de conviction d’une voix légère au téléphone. Qu’à cela ne tienne, elle a, à sa façon, su voler dans les étoiles avec sa carrière peuplée d’animaux en tout genre. Mais a-t-elle été forcée d’atterrir avec cette période étrange de confinement ? Absolument pas ! Elle a tout simplement repeint sa maison près de Fontainebleau du sol au plafond en passant par sa cage d’escalier pour le plus grand plaisir de ses quelques quatre-vingt quinze milles admirateurs sur Instagram. Elle nous raconte.

Nathalie, vous êtes une artiste polyvalente. Impossible de vous en tenir à un seul support. Pourquoi ?

Absolument tout dans l’univers me plait. Si j’avais le temps j’essaierais tout. L’idéal pour moi, en tant qu’artiste, est d’être la plus autonome possible donc plus je touche à tout, moins je sous-traite, plus je suis libre. J’aime peindre, avec le temps je me plais à travailler de plus en plus le tissu et la céramique par sa sensualité peut me faire pleurer.

Cette fois, pendant le confinement, vous êtes allée encore plus loin en repeignant chaque pièce de votre maison. En deux mois, vos murs se sont retrouvés peuplés de fleurs, d’animaux, de verdures…

Cela faisait des années que je rêvais d’avoir ma maison à moi pour y faire ce que je veux. Mon mari est artiste lui-même donc on n’expose généralement pas nos créations chez nous pour éviter que cela ne vienne entraver/influencer notre créativité respective. Cette maison, c’était donc mon havre à moi où j’avais carte blanche.

Nathalie Lété dans son escalier – Crédit : Instagram @nathalie_lete

Vous avez eu des inspirations ?

J’aime beaucoup les maisons colorées que l’on peut trouver en Inde, la Charleston House du mouvement Bloomsbury dans le Sussex ou encore celle de la peintre folklorique canadienne Maud Lewis. Mais j’y ai surtout recréé mon univers à moi. J’adore dessiner des fleurs. Je me souviens avoir été marquée par une publication dans un magazine, « Vogue » je crois, où une rose été peinte à même le sol d’une maison. Je l’ai toujours gardée en tête depuis. Et j’ai surement été influencée aussi par ces femmes des pays de l’Est comme en Pologne qui passaient leur temps à repeindre leur maison pour cacher les salissures. Il y a un côté très domestique à repeindre sa maison, comme une tentative d’embellir son quotidien.

C’est exactement ce qu’il s’est passé pendant le confinement, non ? Vous avez embelli votre quotidien et celui de vos followers qui y ont trouvé un certain réconfort et une forme de sérénité à vous suivre dans votre progression.

C’est vrai que j’ai eu beaucoup de retours positifs. Beaucoup ont voulu se lancer. Tous ces dessins et ces couleurs ont surement apporté un peu de gaîté. On a besoin de gaîté ! De mon côté, c’était un acte spontané. Je n’ai rien préparé ou dessiné en amont. Au début, ça fait peur de colorier ses murs mais au pire, on passe une couche de peinture par-dessus. Et j’aime les ratés car lorsqu’on les corrige, il reste cet effet de transparence qui donne plus d’émotion. Et j’en ai eu des ratés ! Je vois moins bien , je n’aime pas me servir de mes lunettes et je ne suis pas du genre à m’appliquer. J’aime la peinture naïve.

Vos avez un univers très poétique et enfantin, est-ce qu’il s’agit de transgresser l’interdit en peignant les murs ?

Absolument pas. C’est vraiment un processus créatif, l’idée de peindre une décoration murale dans le but d’embellir un espace. Lorsque mes enfants étaient petits, ils avaient le droit de faire ce qu’ils voulaient avec les murs de leur chambre. Je ne vois donc pas cela comme un interdit mais plutôt comme une façon de rendre vraiment personnelle une maison pas si belle et plutôt basique.

Crédit : Instagram @nathalie_lete

Toute la maison y est passée !

Je suis comme une caméra. Mon oeil a besoin de voir quelque chose qui lui plait. Et plus j’avançais dans la maison et plus le blanc jurait avec mes couleurs. Donc petit à petit je me suis retrouvée à tout faire. J’aime beaucoup ma chambre avec son mur doré et la cage d’escalier aussi qui a beaucoup plu. Mais il reste quand même deux chambres à l’étage et un sol…

Quelle est la couleur qui vous définit le mieux ?

Je m’habille en multicolore mais je dois reconnaitre que toutes les sortes de verts me font vibrer. D’ailleurs c’est une couleur que j’utilise beaucoup dans mes peintures avec le rose, à l’image même de la Nature.

Crédit : Instagram @nathalie_lete

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