Margaux Toussaint : « Je veux rendre le caractère précieux aux végétaux que notre oeil, au quotidien, a rendu ordinaire »

par | Mai 18, 2022 | Modes | 0 commentaires

Collier Bouton d’Or d’Atelier Margaux Toussaint – Crédit : Agathe Boudin

La Nature est partout autour de nous. Et vous ? Comment la regardez-vous ? Margaux Toussaint est de celles et ceux qui en sont tellement ébahi.es qu’elles/ils la mettent au coeur de leur projet, de leur vie même. Margaux est un peu le roi Midas, la malédiction en moins. Au fil des saisons, les végétaux deviennent orfèvrerie sous ses mains car sa particularité est de le métalliser et de les couvrir d’or fin dans son Atelier Margaux Toussaint. Discussion avec la magicienne qui transformait mûres sauvages et autres boutons d’or en objets précieux.

Salut Margaux, qui es tu ?

Je suis Margaux Toussaint, j’ai 29 ans. Au printemps 2020, j’ai imaginé des bijoux à partir de véritables végétaux qui ont donné naissance à Atelier Margaux Toussaint, une collection de pièces uniques et poétiques qui met en lumière la beauté de la nature.

Quel est ton parcours ?

J’ai un parcours à la fois assez versatile sur la forme et assez cohérent sur le fond. J’ai grandi en Picardie, avec un rapport très profond à la nature qui m’entourait. Cet environnement a participé à la construction d’une sorte de contemplation permanente, d’attention aux détails que je pouvais observer sur les fleurs, les plantes, les arbres. Mes études et ma vie professionnelle sont directement liées à cette curiosité, ce regard un peu en biais que j’ai apposé très tôt sur mon environnement. C’est certainement cette même curiosité qui m’a poussée à évoluer ensuite au fil des rencontres que j’ai pu faire. Je me plais beaucoup à envisager chaque étape comme une ouverture du champ des possibles. Mon projet aujourd’hui reflète totalement cette dynamique, puisque je l’ai conçu dès sa genèse comme un processus créatif. J’imagine que c’est le cas de beaucoup d’entrepreneurs et d’artistes, mais je ne me ferme presque aucune portes, à partir du moment où les développements qui se présentent à moi impliquent une forme de recherche qui soit cohérente vis à vis de mon histoire, de mon vécu, et de mes aspirations.

Comment et pourquoi t’être lancée dans le milieu du bijou  ?

Le bijou reste un support à ma démarche artistique. Dès les débuts de mon projet, je rêvais d’objets sous différentes formes, des objets à poser, des sculptures… J’ai toujours eu beaucoup d’affection pour les bijoux sans jamais me dire que j’allais en fabriquer un jour ! J’ai d’ailleurs découvert toutes les techniques et savoir-faire après avoir décidé d’en créer. Malgré tout, le bijou est apparu comme une évidence. Il est porté au plus proche du corps, comme un talisman qui permet de garder un bout de nature sur soi. Le végétal sublime les courbes du corps et réciproquement, un dialogue nait.

“J’aime penser mes bijoux comme un herbier vivant à porter sur soi”

Quel est le concept de ta marque ?

Il s’agit de mettre en lumière la beauté des végétaux à travers une collection de pièces qui unit la nature et l’orfèvrerie. Je veux rendre le caractère précieux aux végétaux que notre oeil, au quotidien, a rendu ordinaire. J’ai deux collections. Une première de pièces uniques, réalisées à partir d’un véritable végétal enrobé d’une couche de cuivre puis sublimé par l’or fin. Et une deuxième, « les séries confidentielles », développée en novembre dernier et réalisée à partir de l’empreintes de mes pièces uniques. Des pièces en métal qui m’offrent une plus grande liberté de création et me permettent de modeler le métal, le tordre, le souder, de manière infinie. Dévoilées au rythme des saisons de la Nature, mes pièces proposent un nouveau regard sur la nature.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile à mettre en place ?

J’ai travaillé des mois et des mois sur le procédé de métallisation des végétaux, multipliant les expériences pour arriver au résultat espéré. Ce projet est un véritable éloge de la patience. Après la réalisation de ma première pièce unique, j’ai dû tester et patienter encore des mois pour vérifier la solidité du bijou et son comportement dans le temps. Comment la mûre sauvage va évoluer sous la couche qui l’enveloppe ? D’autre part, la réalisation de mes pièces uniques respecte le rythme des saisons, un bouton d’or au printemps, une capsule de coquelicot en automne. Avec du recul c’était une période excitante et dure à la fois car j’ai vécu de nombreux échecs avant de réaliser la première pièce, parfaite à mes yeux. En parallèle de l’apprentissage de ce savoir-faire, j’ai appris le métier de bijoutier, développé ma marque et découvert les nombreuses facettes qui composent le monde de l’entreprenariat ! Pas une mince affaire. Ce projet est une expérience extraordinaire qui me permet de mêler mon envie de liberté, de curiosité, et de rêverie.

Pourquoi chercher à “figer” la nature ?

Figer la nature est une façon d’en garder une trace. J’aime penser mes bijoux comme un herbier vivant à porter sur soi. J’ai figé chez moi des dizaines de plantes différentes. J’ai l’impression d’avoir un petit cabinet de curiosité végétal.

Herbier feuille Ginkgo Bilboa, Atelier Margaux Toussaint – Crédit : Margaux.

Qu’est-ce qui t’inspire ?

Je puise mon inspiration dans la matière végétale, trouvée au cœur de la nature ou en faisant le marché ! La nature est le sujet primaire de ma créativité. Je m’inspire aussi énormément du monde de l’art et du design pour renouveler perpétuellement mon savoir-faire en termes de formes et d’idées de pièces. J’aime particulièrement la délicatesse des mobiles de Calder pour ne citer qu’un artiste.

Quels sont les projets à venir ?

Je lance très prochainement une nouvelle ligne de bijoux, mêlant métaux précieux, saphirs et autres pierres ornementales. Des pièces aux lignes toujours aussi organiques qui se jouent des courbes d’une tranche de kumquat, aux contours flous, intemporelles. La couleur, élément inévitable dans la nature , manquait particulièrement à mon travail, je suis ravie de pouvoir l’ajouter à mes pièces pour cette nouvelle collection. « Été acidulé » sera colorée et fruitée pour la saison estivale ! J’organise mes premiers pop-up stores dans le marais en mai et en juin en collaboration avec d’autres marques. J’ai hâte de pouvoir y présenter mon travail, faire des rencontres et découvrir d’autres marques.

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