Les coulisses de la fashion week en argentique

par | Mar 15, 2019 | Modes | 1 commentaire

Dans les backstages de Mugler – Crédit : N.C

Couvrir les backstages de la fashion week c’est fatiguant mais c’est surtout un immense privilège. Après plusieurs années à les suivre, cette fois-ci, il fallait innover. Comment ? En vous immergeant dans cette bulle hors du temps grâce à un appareil qui a survécu au temps.

« Clic », « cliiiic », « crcrcrcr »…. Imaginez un bruit sourd et métallique, parfois court, parfois plus long selon l’exposition, un bruit de machine qui n’est clairement pas celui du numérique. C’est celui de l’argentique, du Canon ae1 program, emporté pour couvrir la fashion week automne-hiver 19-20 de Paris. A chaque cliché pris, les regards se tournent, surpris par le son qui s’est dégagé du brouhaha des sèches-cheveux et de la musique. Faut dire que ça change des Smartphones dans lesquels s’accumulent des milliers de photos et vidéos prisent rien que pour cet événement d’une semaine. Alors que les mannequins, maquilleurs, coiffeurs, photographes et techniciens ne font plus attention aux téléphones braqués sur eux, l’argentique interpelle par son bruit devenu inconnu et par son allure. Il provoque alors les sourires, les curiosités. Les modèles se prêtent plus facilement au jeu. Une chance car pour certains, cette semaine parisienne est le point final d’un marathon de trois autres villes. Résultat, à Paris, tout le monde est épuisé, lassé et parfois énervé. L’argentique a aidé  à détendre, à créer un lien de connivence. Malade et malgré ses 18 défilés à son actif, Bella Hadid a accepté sans hésiter de poser, son livre dans les bras, chez Haider Ackermann. Ce n’était pourtant pas évident de l’approcher. Tout le monde l’encerclait, les influenceuses invitées dans les coulisses (il y en a de plus en plus) rodaient tout autour mais Bella parvenait à échapper à la marrée de téléphone jusqu’à ce qu’elle aperçoive le Canon. La donne avait changé. Le lien était créé.

Bella Hadid chez Haider Ackermann – Crédit : N.C

Bella Hadid chez Haider Ackermann – Crédit : N.C

Comment est-ce que ça se passe en backstage ?

Tout est codé, tout est timé. Une dizaine de défilés ont lieu dans la journée, les makeup et hair artists aussi appelés chef de cabine assurent plusieurs shows par jour. La pression est grande. Impossible de perdre du temps. Et nous, journalistes, nous devons parvenir à nous faufiler, capter le bon moment pour leur parler tout en repérant très rapidement le ou les looks choisis grâce aux face charts (sortes de feuilles cartonnées sur lesquelles se reproduit les maquillages avec le nom des produits et l’inspiration) souvent cachés sous une tonne d’ustensiles. Nous scannons alors du regard les tables jonchées de produits, de mallettes et autres brosses à l’affut d’une nouvelle palette ou d’une nouvelle marque mais aussi les mûrs sur lesquels sont souvent affichés les looks décidés la veille.

Dans le backstage Issey Miyake – Crédit : N.C

A force, les pro nous reconnaissent, connaissent nos questions. Alors nous nous mettons dans un coin, observons et nous les laissons venir à nous. Parfois, il faut jouer des coudes pour les atteindre, surtout les plus grands comme Pat McGrath qui accorde presque aucune interview (sauf si vous êtes du Vogue US). Et parfois, il faut attendre longtemps, très longtemps avant que ça ne prenne. Nous essayons alors de repérer une nouvelle technique, une nouvelle façon de blender un fond de teint ou un rouge à lèvres détourné en fard à paupière. Mais impossible de poser des questions aux maquilleurs et coiffeurs autres que les chefs. Tous refusent de répondre. La frustration est alors totale car les coups de main de chacun sont uniques et donc très intéressants.

Au backstage Giambattista Valli – Crédit : N.C

Au backstage Paco Rabanne – Crédit : N.C

Au backstage de Stella McCartney – Crédit : N.C

Il faut aussi jongler avec le manque de place, ne pas envahir l’espace souvent réduit des gens qui travaillent ici, faire des sourire aux mannequins épuisées. Dans cette fourmilière il fait chaud, très chaud. Les vapeurs de laque se mêlent aux cheveux chauffés au fer et à la lueur blanche des gros spots. A peine arrivés, nous pensons déjà au prochain backstage à couvrir qui est souvent à l’opposé du lieu où nous nous trouvons actuellement pour revenir surement au même endroit trois heures après…

La vie des models

Les backstages, c’est l’occasion de voir comment les mannequins s’occupent entre deux mèches de cheveux brushées, laquées, crêpées puis relaquées (oui tout ça en même temps sur la même tête). Certaines lisent, d’autres méditent. Certaines parlent entre elles, sont heureuses se retrouver, d’autres sont seules et impressionnées par la foule. Elles sont valdinguées d’un professionnel à un autre. Certaines ont même jusqu’à trois coiffeurs sur la tête, une maquilleuse sur le visage et une nail artist aux pieds !

Au défilé A.P.C – Crédit : N.C

Au backstage Vivienne Westwood – Crédit : N.C

Au défilé Koché – Crédit : N.C

Puis une voix retentit, ordonne à tout le monde de stopper ce qu’il est en train de faire pour se réunir. C’est le moment de répéter. Tout le monde s’affaire, baisse les pinceaux et les pros se rendent dans la salle. A défaut de ne pas voir les shows – car il faut bien enchaîner les backstages qui se superposent, nous assistons aux décors et catwalks vident. Les mannequins se mettent alors en rang, le sol est souvent marqués à leurs noms. Là aussi tout est millimétrés. Les consignes sont données : marcher à tel rythme et de telle façon. Il y aura eu peu de randonnions classiques cette saison. La volonté était plutôt au déconstruit, aux binômes, au décalés. Comme ce milieu en réalité.

Au backstage Giambattista Valli – Crédit : N.C

Le décor de Jacquemus – Crédit : N.C

L’envers du décor du défilé Jacquemus – Crédit : N.C

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