La Nouvelle Vague : « Faire de l’aquarelle permet de voir le monde différemment »

par | Mar 16, 2021 | Cultures | 0 commentaires

Photo de La Nouvelle Vague

Avec les confinements, ce sont toutes nos habitudes qui ont été changées en profondeur à commencer par nos occupations. Dans un monde où l’on passe la majeur partie de notre temps à travailler, que faire quand nous sommes contraint/es de mettre notre activité professionnelle sur pause ? On redécouvre les joies des divertissements ludiques. Pour certains ce sera la cuisine, le puzzle, le bricolage et pour d’autres se sera la peinture. L’aquarelle fait partie de ces arts plastiques qui ont connu un regain d’intérêt certain. Cette activité a tellement germé dans les esprits fougueux de trois femmes et amies, qu’elles ont décidé de se lancer dans l’entrepreunariat. Audrey, Bénédicte et Catherine ont redécouvert les plaisirs de peindre pendant le confinement. Mais désireuses de trouver des beau produits de qualité et non toxique, elles ont fini par créer les leurs et lancer La Nouvelle Vague en parallèle de leurs métiers respectifs. Catherine nous raconte.

Bonjour Catherine, comment décide-t-on de se lancer dans l’aventure de l’aquarelle ?

Tout s’est passé l’été dernier. Bénédicte et Audrey faisaient déjà beaucoup d’aquarelle et moi je me suis replongée dedans pendant le confinement. On cherchait à acheter des couleurs mais soit les magasins étaient fermés, soit on n’osait pas demander aux vendeurs car on ne se sentait pas légitimes, soit on trouvait des produits clean sur internet mais ils provenaient de l’étranger ou n’avaient pas de belles couleurs. On s’est dit qu’on ne devait pas être les seules en quête de peintures aux jolies nuances et saines donc on s’est lancées.

Pour vous faire connaître, vous êtes allées sur Instagram?

Avant même d’avoir nos peintures, nous avons ouvert un compte pour montrer l’évolution de notre aventure, des tests de couleur à nos inspirations. Et petit à petit ça a pris. Les retours ont très vite étaient nombreux et hyper encourageants notamment sur les textures moelleuses de nos aquarelles et sur le fait que l’on propose des nuances avec des paillettes.

La notion d’aquarelle aux formules propres était essentielle ?

Oui et celle des couleurs aussi. La notion de plaisir est hyper importante et pour ça on ne voulait pas fermer les yeux sur la qualité. Nous avons des enfants et on voulait pouvoir faire de la peinture avec eux sans risquer quoi que ce soit. Nous proposons des aquarelles avec des paillettes or beaucoup de paillettes sont mauvaises pour l’environnement et la santé. C’était un challenge.

Comment avez-vous fait pour trouver les bons pigments, les bonnes formules ?

Nous avons deux copines restauratrices d’oeuvre d’art qui connaissent très bien l’aspect technique. Elles nous ont tout expliqué et c’était fascinant car, pour nous, derrière l’idée de « beaux produits », il y a aussi l’idée d’artisanat et d’importance donner à la fabrication. On a très vite compris que la plus part des paillettes pouvaient être toxiques et que le contrôle des ingrédients dans l’industrie des Beaux Arts était moins transparent que dans l’industrie de l’alimentaire ou de la cosmétique. On s’est donc tournées vers des paillettes destinées aux deux derniers domaines pour plus de sécurité. L’or utilisé dans les Beaux Arts par exemple est très toxique donc on a opté pour l’or cosmétique. Par ailleurs, pour les pigments, nous avons la chance en France d’avoir de nombreuses carrières qui offrent des pigments de grande qualité. Et concernant les liants, on se sert de miel, de gomme arabique et d’huiles essentielles. Tout est naturel !

Cela prend du temps de fabriquer des aquarelles ?

Oui et non. Cela dépend de nombreux facteurs comme les pigments mais aussi la météo ! De toute manière, nous valorisons l’idée même de prendre son temps. Peindre à l’aquarelle, c’est prendre son temps. C’est une forme de méditation à elle toute seule car quand on peint on ne pense à rien. Mais pour ce qui est de la fabrication pure des godets d’aquarelle, le temps varie en fonction des pigments. Certains vont prendre plus rapidement que d’autres et le temps de séchage va varier en fonction du niveau de chaleur et/ou d’humidité ambiant. Cela peut prendre jusqu’à une semaine pour faire sécher un godet. Et pour ce qui est de trouver les bons mélanges de pigments pour avoir les bonnes couleurs, ça aussi cela peut prendre du temps.

Comment trouvez-vous vos couleurs justement ? Est-ce qu’il y en a une que vous peinez encore à définir ?

On pense nos aquarelles en collection. Pour cela, on réalise des mood boards à partir de photos variées et on en extrait les cinq nuances dominantes. A partir de là, on fait notre petite cuisine de pigments pour trouver les bons rendus. Un peu plus de jaune par si, un peu plus de bleu par là… C’est très intéressant ! Pour le moment, le rose nous donne du fil à retordre car c’est une couleur très demandée mais on ne veut pas proposer une teinte trop mièvre ou kitch. On ne veut pas d’un rose qui fasse tarte alors on tourne autour mais on va finir par trouver !

Qu’est-ce qui vous inspire ?

Un peu partout. Nous sommes trois avec des goûts différents donc ça permet de faire des grands écarts que l’on cultive. Nous n’avons pas les mêmes pratiques en aquarelle, ni les mêmes regards. Ca donne un tableau d’inspiration sur lequel on voit des photos de plats de restaurants du fin fond de la Suède, de paysages, de films, de mode…

La notion d’éco-responsabilité vous parle aussi beaucoup dans la conception de La Nouvelle Vague ?

Oui, ça va de paire avec le fait que l’on veuille prendre notre temps. On s’est tous imposés un rythme effroyable qui est tout sauf naturel. Le confinement nous a forcé /es à lever le pied et changer nos façons de voir les choses. On propose des beaux produits avec des belles matières sur commande pour éviter la surproduction. De même, comme nous faisons tout à la main, lorsque nous remplissons nos godets, certains ne sont pas nickel, ça déborde un peu. On laisse tel quel car tout est bon à utiliser en peinture, pas de gâchis ! Pour l’envoi, on les enveloppe dans du papier de soie ou dans nos furoshiki, ce sont des tissus anciens teintés à la main que l’on peut garder comme chiffon lorsque l’on peint.

Comment expliquez-vous ce regain d’intérêt pour l’aquarelle ?

Outre le fait qu’on ait eu besoin de s’occuper, l’aquarelle a quelque chose de facile et spontané qui peut se pratiquer en famille. Les enfants n’ont pas de barrière, ils se posent moins de questions que les adultes sur le fait qu’ils savent peindre ou non. Les parents suivent très rapidement derrière. D’autres trouvent ça pratique à emporter. Par exemple, une de nos clientes est avocate et elle nous disait il y a peu de temps qu’elle trouvait que c’était facile, petit et léger à transporter sur elle. Entre deux dossiers, quand elle ressent le besoin de décompresser, hop, elle sort sa peinture et elle se change les idées comme ça. L’aquarelle a un côté très méditatif. Et surtout, quand on se lance, on finit par voir le monde différemment car on l’observe différemment. On regarde autrement les lumières ou les choses qui nous entourent. Croquer sur le vif ou y passer plus temps change complètement son regard et sa perception des choses.

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