Bobbie : « J’aimerais qu’on remette au centre de la musique la musique »

par | Oct 21, 2020 | Musique | 0 commentaires

Bobbie capturée par Julien Bourgeois

Autrice-compositrice, chanteuse et guitariste, Bobbie de son nom de scène est animée par la musique folk/americana. Un style doux et poétique rythmé par un son parfois légèrement métallique qui vous fait vous évader loin, très loin. Bobbie est dotée d’une douceur charnelle, sa voix légère mais d’une puissance infinie vous transperce le coeur et l’âme. Lumineuses avec un soupçon de mélancolie et beaucoup d’espoir, ses chansons font du bien et sont à écouter en boucle sans modération.

Depuis quand fais-tu de la musique ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ?

J’en fais depuis toute petite. J’ai commencé à mes 3 ans par du violon, mais j’ai arrêté au décès de mon père quelques années plus tard car c’est lui qui m’aidait à apprendre. J’ai ensuite développé une approche très instinctive de la musique. Je sentais que j’avais besoin de m’exprimer, de « lâcher » via ce médium. J’ai appris en autodidacte, au fur et à mesure des années, sans passer par des cours ou école de musique.  

Est-ce ton unique métier ?

Oui. J’ai opéré un virement radical il y a plus de deux ans pour me lancer à temps plein dans la musique. Avant, je travaillais en parallèle dans la culture et l’organisation d’événements.

Comment définirais-tu ton style musical ? Est-ce qu’il-t-a fallu du temps pour le trouver ou était-ce une évidence ?

Mon style pourrait être défini comme de la musique folk/americana. J’ai mis plusieurs années à le trouver et je dirai que cela s’affine encore avec les années qui passent. J’ai en tête deux moments clé. J’ai découvert la musique de Bob Dylan et Joni Mitchell lors d’une année passée en Australie quand j’avais 20 ans. Ca a été comme une évidence pour moi. J’ai été touchée en plein cœur comme je ne l’avais jamais été en musique et, depuis, on peut dire que je suis devenue une «folk-addict». Je garde également un souvenir fort d’une soirée (irréelle) passée à Londres avec le chanteur de Madness, Suggs, qui m’avait fait écouté sa chanson préférée «Coat of many colors » de Dolly Parton. Cela a été une deuxième révélation pour moi, et une ouverture vers la musique country et ensuite americana.  

“Dans le cinéma de Godard, Truffaut ou Varda, on flâne, on se questionne beaucoup”

Quelles sont tes inspirations musicales et/ou artistiques plus largement ? 

En musique, je suis très inspirée naturellement par la période des années 70. C’est une époque qui m’attire énormément, que j’idéalise très probablement un peu aussi. Une liberté, une poésie, une spiritualité, une intemporalité dans le style, la sacralisation de l’instrument et de la prestation live. J’aime également beaucoup le cinéma de la nouvelle vague, qui me semble assez similaire finalement à la musique qui me touche. Des personnages en quête de liberté, d’amour, en réflexion sur leurs sentiments, une forme de mélancolie et une esthétique très forte. Dans le cinéma de Godard, Truffaut ou Varda, on flâne, on se questionne beaucoup et j’ai l’impression de retrouver ça dans les mélodies de Joni Mitchell par exemple ou les textes de Dylan. 

Les artistes dont tu ne peux pas te passer ?

Au risque de radoter, j’aime Joni Mitchell pour sa voix venue d’un autre monde, Bob Dylan pour sa poésie et Dolly Parton pour l’art du songwriting. J’aime aussi beaucoup d’artistes actuels comme Laura Marling, First Aid Kit, Courtney Marie Andrews ou Chris Stapleton… Et aussi des artistes légendaires comme Stevie Wonder ou Ella Fitzgerald.

Le titre que tu écoutes en boucle en secret ?

« Seasons of love » reprise par Glee. Il y a une partie de moi qui aurait rêvé faire partie d’une chorale au lycée en mode comédie musicale. 

Celui que tu aurais rêvé créer ?

«My life» d’ Iris DeMent: « My life don’t count for nothing, when I look at this world I feel so small, My life, it’s only a season, a passing september that no one will recall. »

Tu viens de sortir ton premier EP. Qu’est-ce que l’on ressent et surtout comment ça s’est passé de la création à la sortie? 

J’étais très heureuse de partager ces chansons au « monde ». Cet EP a été avant tout cathartique pour moi mais j’ai été très touchée de voir que des personnes se retrouvaient dans mes mélodies et ressentaient des émotions fortes en les écoutant. Ca donne évidemment du sens à ce que je fais. J’étais très impatiente de le sortir et chaque étape me semblait trop longue (haha). 

J’aime Joni Mitchell pour sa voix venue d’un autre monde, Bob Dylan pour sa poésie et Dolly Parton pour l’art du songwriting

Comment penses-tu tes chansons ? Tu les composes de A à Z, du texte jusqu’à la mélodie ?

Elles viennent à moi. Je n’intellectualise pas vraiment le processus de création. Souvent je ressens quelque chose et un premier mot vient avec une mélodie et j’approfondis ensuite. 

Je t’ai personnellement découvert sur Instagram, est-ce pour toi le meilleur moyen aujourd’hui de se faire connaitre et surtout de faire découvrir son travail en tant qu’artiste ?

C’est définitivement un média intéressant qui permet de faire découvrir son univers, de créer du lien et faire des nouvelles rencontres artistiques (J.S. Ondara a découvert mon EP via instagram l’année dernière et m’a proposé ensuite de faire ses premières parties en France). Pour autant, c’est souvent une source de stress plus que de plaisir et c’est très chronophage. Il y a, je trouve, trop de dérives et raconter les moindres détails de ma vie ne me semble pas être quelque chose de naturel. J’aimerais qu’on remette au centre de la musique, la musique. Aujourd’hui, le nombre de followers compte plus que la qualité de ce que tu proposes. Je pense que le meilleur reste le partage physique avec le public via la scène.

Est-ce une façon aussi de contourner/faire sans les labels et d’être plus libre dans ses créations ?

Je dirai que ça devient plus un diktat qu’une liberté. Mais, évidemment tout n’est pas à jeter. C’est un support pour exprimer sa créativité sans le contrôle d’intermédiaires mais est-ce que finalement, le contrôle tu te ne l’imposes pas toi-même ensuite pour suivre une mode générale.

Des projets musicaux à venir ?

Je finalise en ce moment de nouveaux titres que je sortirai au fur et à mesure dans le prochains mois, pour à terme en faire un album. Hâte hâte hâte.

Dernier clip de Bobbie de sa chanson “Lifetime

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