Simone Veil entre au Panthéon tandis que la « manosphère » se propage

par | Juin 30, 2018 | Sociétés | 0 commentaires

Moment de féminité et d’assurance extrême pendant lequel Simone Veil accepte de se détacher les cheveux à la demande de Christophe Dechavanne – Crédit : capture d’écran INA

Un an et un jour après son décès, Simone Veil entrera au Panthéon avec son mari Antoine Veil. Une nouvelle pleine d’espoir et de symboles qui nous fait réaliser qu’en moins d’un an, la parole des femmes et les affaires en tout genre les concernant ont explosé pour le meilleur et pour le pire.

Impossible d’oublier Simone Veil, celle qui s’est battue corps et âme pour les droits des femmes et pour l’Europe. Impossible d’oublier cette grande dame si élégante qui a vécu l’horreur et qui en a parlé avec tant d’humanité dans « Une vie ». Impossible d’oublier cette femme d’Etat, celle qui a fait partie de l’Académie française aussi et qui a laissé derrière elle un héritage énorme et pourtant ô combien fragile.

Il y a quelques semaines, le magazine « Society » dévoilait une enquête édifiante et brillamment menée sur la misogynie et le phénomène de la « manosphère ». Cette tendance qui se serait notamment développée au Canada regrouperait des hommes frustrés et haineux qui jugent les femmes – et la place de plus en plus grande du féminisme – responsables de leurs malheurs. Cela a conduit alors à des dérives allant jusqu’à des attentats tournés exclusivement contre les femmes comme celui du 23 avril dernier à Toronto. Ce dernier a coûté la vie à dix personnes (huit femmes et deux hommes).

Alors, face à une telle montée « féminicide » d’un côté et l’entrée au Panthéon de l’une des plus louables femmes du monde de l’autre, on s’interroge. Qu’est-ce que Simone Veil aurait bien pu répondre à ces “célibataires involontaires” comme ils sont appelés au Canada ? Ces hommes qui n’acceptent pas par exemple qu’une femme refuse leurs avances, considèrent les relations sexuelles comme un droit fondamental dont ils seraient les uniques détenteurs. Pire, on retrouverait sur des forums des incitations aux viols. Ecoeurant, oui. Alors, bien qu’on ne puisse plus donner la parole à celle qui a oeuvré plus que quiconque pour les femmes, rappelons-nous, en guise de réponse, l’éloge de Jean d’Ormesson prononcé le 18 mars 2010 pour l’entrée de madame Veil à l’Académie française :

« Avec une rigueur à toute épreuve, vous êtes, en vérité, une éternelle rebelle. Vous êtes féministe, vous défendez la cause des femmes avec une fermeté implacable, mais vous n’adhérez pas aux thèses de celles qui, à l’image de Simone de Beauvoir, nient les différences entre les sexes. Vous êtes du côté des plus faibles, mais vous refusez toute victimisation. Quand on vous propose la Légion d’honneur au titre d’ancienne déportée, vous déclarez avec calme et avec beaucoup d’audace qu’il ne suffit pas d’avoir été malheureuse dans un camp pour mériter d’être décorée.»

Fort heureusement, cette folie ne touche qu’une extrême minorité. Fort heureusement, il n’y a pas que des Harvey Weinstein. Fort heureusement, la plupart des hommes sont autant dégoutés que les femmes par ces actes barbares et se tiennent droit de leurs côtés. Alors, inutile de refaire un long discours sur Simone Veil. Mais remercions la sincèrement. Et, surtout honorons, ses combats en les perpétuant. Enfin, n’oublions pas non plus Antoine Veil, son mari, qui l’a considérée comme son égal et a fait fi de ce que “devait être” la place des femmes à l’époque en l’incitant à mener ses combats.

Merci Simone. Merci Antoine.

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