Le Bazar d’Alger : l’atelier de décor sur porcelaine qui remet au gout du jour l’art de la table

par | Fév 16, 2021 | Cultures | 0 commentaires

Les créations du Bazar d’Alger – Crédit : Fanny Cathelineau

Arnold d’Alger c’est celui qui redonne vie et magnifie les objets du quotidien. Avec sa peinture d’or sur porcelaine, il donne un second souffle à des services de table mais aussi à des carreaux et autres objets qui peuvent revivre d’un coup de pinceau magique. Cet artiste chaleureux au besoin hardant de rencontrer de nouvelles personnes a lancé le Bazar d’Alger l’année dernière dans son appartement. Un atelier appartement coloré et incroyablement dépaysant, en plein coeur de Paris, qui accueille des apprentis décorateurs de porcelaine le temps d’une heure ou deux de cours. C’est ludique, c’est beau et c’est satisfaisant. Pour être passée dans son univers « cluttercore » – pour reprendre les grands mots des spécialistes soit une déco chargée et pleine de bibelots – il faut reconnaitre qu’on s’y sent extrêmement bien. Y passer une heure, c’est se prendre un shot de couleurs, de bien-être et de bonne humeur. A tester de toute urgence donc pour vaincre toute morosité ambiante.

Salut Arnold, peux-tu nous dire qui tu es, ce que tu fais ?

Depuis peu, j’ai créé mon propre atelier de peinture sur porcelaine dans mon appartement. Avant, j’étais graphiste-illustrateur en free lance pendant dix ans. Mais je commençais à entrer dans une monotonie devant mon ordinateur qui me dérangeait et je ressentais le besoin de retrouver mes crayons, mes pinceaux et mes doigts. J’ai alors commencé par prendre des cours à Paris de décor sur porcelaine et de peinture sur soie. Pendant les cours, il fallait amener de la vaisselle. Moi j’apportais de la vaisselle ancienne, je la trouvais plus belle et avec plus d’âme que celle qu’on achète aujourd’hui. C’était un joyeux mélange d’ancien qui me semblait chaleureux. J’accorde une très grande importance à la convivialité et aux échanges.

Et de là, tu t’es lancé dans ton entreprise Le Bazar d’Alger ?

J’étais déjà familier au décor sur porcelaine car, lorsque l’on habitait à Paris, notre voisine en faisait et ma mère, comme toutes les femmes de militaires, se joignait à elle pour pratiquer. On a par la suite pas mal déménagé mais ma mère a toujours gardé contact avec cette voisine. Lorsqu’elle a appris que je me lançais dans le décor de porcelaine, elle m’a proposé de me donner son four. J’ai loué une camionnette et je suis partie dans le Luberon le récupérer. Il était trop grand pour notre ancien appartement alors il est resté plusieurs mois dans le hall avant qu’on déménage pour pouvoir le mettre dans ce qui est mon appartement atelier maintenant. C’est là que je travail et que je reçois les personnes qui s’inscrivent à mes ateliers.

Qu’est-ce que le décor sur porcelaine ?

Il s’agit tout simplement de peindre sur ce matériaux noble. Ce n’est pas comme le Kitsungi, cet art japonais qui consiste à réparer la porcelaine cassée et de recouvrir les ébréchures d’or. Parfois je m’inspire de ces motifs, mais à mon atelier on décore purement de la porcelaine que je chine à droite à gauche et sur Leboncoin. Ce n’est pas de la feuille d’or – qui ne tiendrait pas au lavage – mais un mélange de résines emprisonnées à l’état liquide et que l’on applique au pinceau. La chaleur permet de ramollir l’émaille qui vient s’incruster. Si ce n’est pas mélangé à de l’inox, ça passe très bien en machine ensuite.

Pourquoi davantage l’or que la peinture de couleurs différentes ?

Il y a quelque chose de magique avec l’or. Ce n’est pas une seule couleur mais plutôt des couleurs avec mille reflets. Ca a aussi un côté intemporel et cela vient sublimer le dessin.

Tu as tout plaqué du jour au lendemain pour te lancer dans ce projet. Ca a été difficile ?

A mon ancien job, on se moquait de ma « crise de femme de la quarantaine qui veut faire autre chose » pour les citer… Mais les gens qui me connaissaient, savaient que ce n’était pas une lubie et bien une passion qui m’animait. Je me suis consacré pleinement au Bazar qu’en juillet dernier. C’est récent. Heureusement, j’avais aussi le soutien de mon copain, il m’encourageait. Et surtout, je me suis écouté et comme je suis un boulimique social, l’idé même de rencontrer du monde me motivait encore plus. J’ai eu de la chance car mon projet a très vite pris. Je me suis bien fait conseiller par une agence de presse et les collaborations comme les réseaux sociaux et le bouche à oreille via les ateliers ont participé à diffuser ce que je faisais.

Le Bazar d’Alger tombe à pic avec cette mode du vintage ?

C’est vrai qu’il y un regain d’intérêt pour l’ancien après des décennies de neuf et de plastique. Alors que l’ancien était ringard avant, aujourd’hui,  c’est revalorisé et c’est une bonne chose. C’est bénéfique pour tout le monde et la planète. L’art de la table, c’est un lieu de partage et de convivialité. Quoi de mieux qu’un service ancien et remis au goût du jour pour donner encore plus de sens à l’expérience. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de nous retrouver et pour ça, il y a la table ! En décembre, une cliente m’a demandé de lui décorer 72 assiettes avec le nom de sa maison. J’ai réussi à trouver un service entier à Clermont-Ferrand. En une semaine c’était reçu, décoré et délivré. Je n’ai pas beaucoup dormi mais c’était génial de voir prendre vie ce nouveau service.

Quelles sont tes inspirations ?

Tout ! Ma matière première, c’est le souvenir des choses. Les végétaux, les choses abstraites et figuratives ou encore l’artisanat pas signé vont m’inspirer. Au Mexique,  par exemple, la richesse artisanale y est incroyable. Ils possèdent un vocabulaire de symboles et de formes tellement plus développé que le notre. Et du côté des artistes, j’admire ceux qui font ce que je ne sais pas faire. J’adore par exemple le peintre figuratif Alex Foxton pour sa poésie et ses couleurs ou encore Aline Zalko pour ses portraits hyper réalistes aux couleurs vibrantes. Elle a notamment réalisé une série de cartes féministes dingue.

Vous pouvez retrouver Arnold, ses créations et ses crénaux d’atelier sur son compte Instagram ou son site internet

L’appartement atelier du Bazar d’Alger – Crédit : Fanny Cathelineau

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