Julia : Partir… vivre un an à l’étranger quand on a 17 ans

par | Nov 6, 2020 | Partir | 2 commentaires

Crédit : Kaylee Eden

Assise sur le canapé du salon de ses parents, elle souffle légèrement sur la grosse boîte couleur rose fuchsia pour retirer la poussière qui s’est déposée sur le couvercle. Dans ce gros cube, sont entassés les souvenirs d’une des années les plus importantes de la vie de Julia, 29 ans. Cette belle Parisienne, consultante en management, a passé une année complète aux Etats-Unis quand elle a eu 17 ans. Douze mois étonnants, loin d’être idylliques, mais qui l’ont aidés à se connaître de façon accélérée. Le choix courageux d’une adolescente qui n’a pas eu peur de tout mettre sur pause pour goûter au rêve américain.

Quel âge avais-tu quand tu as commencé à envisager de partir un an à l’étranger ? 

Je crois que j’avais seize ans. J’étais à fond sur les séries américaines comme « Les Frères Scott » et « Newport Beach ». Tout me faisait rêver ! Ma mère en a parlé à une de ses amies qui avait passé une année au Texas. Elle m’a parlé de l’AFS qui accompagne les jeunes à partir étudier à l’étranger. Elle en avait gardé un souvenir génial et ça m’a encore plus donné envie !

Pourquoi voulais-tu partir ? 

Pour travailler mon anglais et découvrir la culture américaine. J’étais vraiment accro aux séries, et leur vie au lycée me faisait rêver. Tout ce qui faisait la culture US me faisait rêver. Même les casiers et les pom-pom girls ! (rires)

Le générique des “Frères Scott” – 2003

Comment as-tu préparé le départ ? 

Toujours via l’AFS, je me suis inscrite à des ateliers et des séminaires pour savoir exactement comment se passerait l’année à l’étranger. D’abord sur deux journées découpées et puis sur un week-end genre colo. Et là, l’envie était toujours là. 

Comment as-tu choisi la destination ? 

Je ne sais pas comment le choix se fait mais clairement, ce n’est pas moi qui ai choisi Devil’s Lake dans le Dakota du nord ! (rires) J’avais l’espoir d’aller dans une grande ville comme Houston, Chicago ou même d’aller dans le New Jersey, pas loin de New York, mais impossible de changer car les familles nous accueillent bénévolement. J’avais même envisagé de tout abandonner à cause de ce choix…

Du coup, qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur ?

Mes conversations avec mes copines. On était un groupe de huit filles, on s’adorait, on était toujours ensemble et elles m’ont toutes encouragées. Mes parents pareil. Ils étaient au courant de mon envie très vite et mon père a fait beaucoup de recherches. Il avait toujours mille nouvelles infos ! 

Comment a réagi ton entourage ?

Je n’ai pas vraiment de souvenirs… (Elle réfléchit) Je ne me souviens pas trop. Mes parents m’ont aidés. Mais par contre, aucune réaction de mes profs de lycée. Juste du principal qui m’a dit qu’à mon retour, je devrais passer le bac ! Ça m’a un peu saoulée, ça j’avoue. Et j’ai rompu avec mon petit copain. 

A quoi as-tu pensé dans l’avion qui t’amenait dans le Dakota du nord ?

J’ai repensé à ma dernière soirée avec mes copines, j’avais vraiment essayé de profiter d’elles un max. Et j’étais prête à rencontrer Chris Brown ! (rires)

As-tu eu peur pendant cette année ?

Avant mais pas après. J’étais en contact avec Kelly, ma mère d’accueil, on avait déjà discuté via Skype. Mes parents aussi l’avaient déjà vue. Donc de ce côté, ça allait. 

Sur place, as-tu douté ?

Au début, tout était vraiment différent de ce que j’avais imaginé. A part les casiers dans le lycée, rien ne ressemblait aux séries que je regardais. J’étais super déçue ! (rires) Je savais juste répondre par « yes » ou « no » quand on me parlait donc c’était pas facile. Au lycée, les élèves n’étaient pas très accueillants et tout le monde me dévisageait. Comme j’étais Française, ils m’observaient encore plus. Carley, la fille la plus populaire du lycée m’a prise son aile. Super bizarre mais au moins je n’étais plus seule. C’est elle qui m’a dit qu’au début, tout le monde était étonné car je sentais bon et je n’avais pas de poils aux aisselles, contrairement à ce qu’ils pensaient des Françaises. (rires)

Qu’est-ce qui t’as le plus manqué ?

La période de Noël a été très difficile car je n’avais pas ma famille. Et sur Facebook quand je voyais des copines fêter leurs 18 ans, ça me faisait un truc. Je me suis demandé si je ne loupais pas quelque chose. Aux Etats-Unis, avoir 18 ans n’a aucune signification donc personne ne comprenait ce que je pouvais ressentir. J’ai fêté mes 18 ans dans un diner genre ranch.

Sur place, tu avais un plan B au cas où l’expérience ne te plairait plus ? 

Non, je savais qu’à tout moment, je pouvais rentrer chez moi en France. Mais franchement, je n’y ai pas trop pensé. 

Qu’est-ce qui a été délicat à gérer durant cette année ? 

J’ai beaucoup grossi à cause de leur nourriture bourrée d’hormones et d’additifs. Pourtant, je faisais du sport tous les jours, je courais autour du lac… Mais j’avais toujours ces kilos en trop. De retour en France, j’ai fondu sans faire de régime. Et puis là-bas, tout le monde a une voiture à quatorze ans. C’est évident pour eux parce qu’il n’y a pas de trottoir, pas de bus, rien. Etre dépendante pour me déplacer, c’était dur. 

Quel est ton pire souvenir ? 

Quand je me suis prise une balle de base-ball sur l’oeil en cours d’EPS. J’avais peur de devenir aveugle, alors je n’arrêtais pas de répéter « am I gonna see again ? am I gonna see again ? am I gonna see again ? ». En boucle ! (rires)

Quel est ton meilleur souvenir ? 

Les derniers mois. A une fête, je me suis disputée avec Carley et là, pleins de gens sont venus vers moi et je me suis fait de nouveaux amis au lycée. C’était le printemps, il faisait beau et là, je me suis amusée : on m’a laissée conduire, on squattait des fermes abandonnées, on faisait des feux de joie… Les trois-quatre derniers mois sont mes préférés.  

Quel conseil donnerais-tu à une lycéenne qui voudrait partir un an dans un autre pays ?   

Je dirais que c’est une belle expérience pour sortir de sa zone de confort mais qu’il ne faut pas avoir trop d’attente sur la vie américaine. 

Avec ta maturité et les années qui ont passé, est-ce qu’il y a une chose que tu aurais fait différemment ? 

J’aurai été plus curieuse sur la région, je serai allée voir la nature, visiter le Montana juste à côté, faire de belles randos. 

Qu’est-ce que tu as vraiment appris là-bas, sur toi ?  

J’ai appris que j’étais beaucoup plus indépendante et courageuse que je ne le pensais. 

Quels liens as-tu conservé avec les personnes que tu as rencontré durant cette année ? Y es-tu retournée ? 

Je suis encore en contact avec Kelly, ma mère d’accueil qui m’écrit un peu. J’ai discuté un peu avec Maren et Diana sur les réseaux et quand elles sont venues en road-trip européen. Et puis, j’y suis retournée pour un mariage y a deux ou trois ans et j’y ai revu quelques filles dont Carley.

Si tu avais en face de toi la Julia, de 17 ans, un jour avant le départ, que lui dirais-tu ? 

Je sais que tu as peur mais vas-y ! Tu vas en ressortir grandie, tes attentes ne seront pas à la hauteur mais c’est pas grave. Ce sera OK.

Un mot pour résumer l’expérience ?

Inattendue.

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2 Commentaires

  1. Cerda

    Très belle interview plein de réalisme.

    Réponse
  2. Samantha.M

    Bravo pour cette interview sincère et pleine d’émotions.
    Mon amie Julia a été courageuse de partir si jeune et de réaliser son rêve.
    A l’époque je ne réalisais pas trop la situation. Ok Juju partait à l’étranger, c’était une belle expérience pour elle mais avec le recul je m’en rend compte de la force qu’il faut avoir pour tout quitter à cet âge et partir vivre dans une autre famille avec une autre culture et une autre langue.
    Je me souviens encore de son retour sur Paris.
    Bravo à mon amie d’enfance. Ma petite aventurière.
    Love <3

    Réponse

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