Jessica Troisfontaine : «La chose la plus difficile réside dans ma capacité à gérer ce qui m’est le plus agréable : la liberté»

par | Déc 7, 2020 | Modes | 2 commentaires

Jessica Troisfontaine – Crédit : Alix De Beer

Sourire beaucoup et rire généreusement. Voilà ce que l’on peut retenir de Jessica Troisfontaine en plus de son courage et de son énergie sans faille. A peine devenue avocate dans le droit des affaires à l’international, elle a préféré faire quelque chose qui l’animait vraiment. Quelque chose qui lui donne envie de se lever le matin. De là est née Septem, une très jolie marque de combinaisons mais pas seulement car c’est aussi un podcast qui met en lumière les parcours inspirants des gens qui l’entourent ou la passionnent.

Hello Jessica, peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours atypique ?

Je m’appelle Jessica Troisfontaine, je viens d’avoir 30 ans et je suis la fondatrice de Septem – une marque de prêt-à-porter spécialisée dans les combinaisons – et du podcast Septem Club, dans lequel j’interroge des personnalités inspirantes sur leur parcours. Je poursuis la même ambition avec Septem et avec le Septem Club : aider les femmes à prendre le pouvoir sur leur vie, peu importe ce que cela signifie pour elles. Mon parcours est un peu atypique parce que je n’ai aucune formation en stylisme, ni en journalisme. Quand j’étais petite, mon rêve était de devenir avocate en droit des affaires internationales. J’ai poursuivi ce rêve jusqu’au bout et ai fait des études de droit, spécialité droit des affaires, à Bruxelles, Paris et New York. Après 2 ans d’exercice dans un cabinet de droit des affaires anglo-saxon, je me suis avoué que ce quotidien ne ressemblait en rien aux projections que j’en avais faites et qu’il ne me rendrait jamais heureuse. J’ai démissionné et j’ai lancé Septem.

Pourquoi la mode et surtout pourquoi les combinaisons en particulier ?

Quand j’ai démissionné, j’ai pris le temps de réfléchir – pour une des premières fois de ma vie – à ce qui me plaisait vraiment et au quotidien dans lequel je serais susceptible de m’épanouir. J’adore tout ce qui touche à la nourriture et j’adore la mode. Me lancer dans l’univers de la food me semblait impliquer nécessairement des horaires compliqués dans lesquels je n’avais pas envie de m’engager à nouveau. Je me suis tournée vers la mode et j’ai décidé de combler mon manque d’expérience dans le secteur en injectant le maximum de mon expérience personnelle : je n’allais pas « simplement » vendre des vêtements, j’allais créer à la fois une marque et un média d’inspiration, qui se nourriraient mutuellement, pour aider les femmes à prendre le pouvoir sur leur vie. Et lorsque j’ai réfléchi aux vêtements susceptibles de procurer à la fois de la force et de la confiance en soi, je n’ai rien vu de plus puissant que la combinaison.

Quelle est l’histoire derrière le nom de ta marque ?

Septem signifie « 7 » en latin et ce chiffre est important pour deux raisons. La première, c’est que mon dernier jour en qualité d’avocate était le 7 septembre 2017. La deuxième, c’est que les premières collections étaient pensées comme des semainiers, avec une combinaison pour chacun des 7 jours de la semaine. Les semainiers ont disparu au fur et à mesure que les collections se sont étoffées mais j’ai gardé l’idée d’habiller les femmes dans tous les instants de leur quotidien.

Quelles sont tes inspirations ? Et quelle est la femme Septem ?

Je ne regarde pas les défilés, je n’essaie pas de coller aux tendances du moment. Je crée les modèles au fil de mes envies et de façon à habiller toutes les facettes de la femme Septem, qui sont aussi nombreuses que chacune de nous est plurielle. La femme Septem est audacieuse, féminine et affirmée, rêveuse et pragmatique, aussi élégante dans son attitude que dans sa manière d’être, gourmande de la vie et des bonnes choses.

Je n’allais pas « simplement » vendre des vêtements, j’allais créer à la fois une marque et un média d’inspiration

Quelle est la chose la plus difficile et celle la plus agréable dans l’entrepreunariat ?

En ce qui me concerne, la chose la plus difficile réside dans ma capacité à gérer ce qui m’est le plus agréable, à savoir : la liberté. C’est ma soif de liberté qui m’a poussée à vouloir monter ma boite pour faire les choses à ma façon, selon mes propres règles. C’est cette liberté qui me permet d’organiser mon quotidien comme je l’entends… Sauf qu’il est très fréquent qu’on soit son plus dur patron et parfois, je peux confondre « liberté de m’organiser comme je le souhaite » avec « liberté de travailler autant que je peux » . Ce n’est que depuis récemment que je m’octroie des jours « off » sans ressentir de culpabilité et que j’essaie d’observer mes erreurs avec la même bienveillance que celle que j’aurais envers celles des autres.

Tu es très présente sur les réseaux sociaux et tu animes aussi le podcast de la marque, pourquoi ? Est-ce important pour toi de créer un lien avec tes clientes ?

Oui, c’est fondateur pour la marque. Le point de départ quand j’ai créé Septem, ça a été de dire : « j’étais avocate en droit des affaires, j’étais malheureuse, j’ai trouvé des sources d’inspiration là où j’ai pu pour en quelque sorte « pouvoir sur ma vie » et maintenant, j’aimerais trouver des façons de vous aider à prendre le pouvoir vous aussi, peu importe ce que cela signifie pour vous. » C’est important que la marque et le message soient incarnés parce que cela permet à notre communauté d’en percevoir l’authenticité.

Les comptes Instagram et/ou podcasts que tu conseilles absolument ?

S’il ne fallait citer qu’un compte Instagram, ce serait @philosophyissexy. C’est celui de mon amie Marie Robert, qui est philosophe et dont les mots distillés chaque matin pour décryptiquer une situation ou une émotion nourrissent tous les jours mes pensées (et celles de plusieurs milliers de fans). Elle anime également un podcast du même nom. En ce qui concerne les podcasts, j’ai écouté et écoute encore beaucoup ceux qui mettent en lumière des parcours d’entrepreneur.e.s (au sens large du terme) : Génération XX, Le Gratin, Nouveau Modèle (dans lequel je suis passée)… Plus récemment, j’ai adoré écouter tous les podcasts de Louie Media (retrouvez l’interview de Charlotte Pudlowski , la co-fondatrice, ndlr) comme Emotions ou Manger, qui sont absolument formidables.

La mode est-elle devenue plus responsable aussi car à nouveau plus incarnée ?

Je ne pense pas qu’il y ait un lien de causalité dans ce sens-là mais il est évident que les deux sont inextricablement liés. La mode est devenue plus responsable parce que le public a plébiscité de la transparence sur les manières de faire et les engagements des marques. Cette transparence passe nécessairement par l’incarnation.

Une pièce iconique d’un grand créateur que t’aurais rêver inventer ?

La combinaison telle que Saint Laurent l’a invitée dans le vestiaire féminin en 1968.

De grands ou petits projets pour 2021 ?

Faire grandir Septem sainement, continuer à grandir personnellement. Et puis surtout, cultiver le plus possible les joies du quotidien et l’amour.

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2 Commentaires

  1. cerda

    interview très interagissant. Bravo

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  2. Cerda

    Super

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