Edito : ça rouvre

par | Mai 19, 2021 | Cultures, Sociétés | 0 commentaires

Musée Picasso le 19 mai – Crédit : N.C

« Vous pouvez nous prendre en photo ?
– Oui, bien sûr ! De vous seulement ou vous voulez le cadre du musée aussi ?
– Les deux !
– C’était important pour vous d’être à l’ouverture ? Cette photo c’est pour marquer ça ?
– 
Oui, ça fait du bien ! »

Il est 9h42, le musée Picasso rouvre à peine et déjà les gens sont là dont ces deux jeunes, la vingtaine pas plus, qui demandent à être photographiés. Le comité d’accueil est impressionnant. C’est à se demander si on ne s’est pas trompé de date. « Non, non entrez, c’est ouvert ! », « Tenez, c’est pour les premiers visiteurs ». Me voilà, des trombones en forme d’arrosoir et autres outils surprenants à la main, en train de déambuler parmi les oeuvres du Minotaure et de Rodin. Les vieilles habitudes refont surface : il y a celle et celui qui photographient toutes les oeuvres sans même les voir, il y a celle et celui qui lisent chaque explication et il y a celle et celui qui observent tout, qui écoutent tout. C’est moi ça. Je vois des tableaux, des sculptures. Je vois des couleurs et des peintures. Et je vois surtout des personnes, plus qu’à l’accoutumé, qui sondent les réactions des premiers arrivés. On est tous comme un peu sonnés par cette nouveauté retrouvée. Les gestes sont les mêmes mais plane dans l’air cette notion d’exceptionnel. Les deux jeunes adultes repartent avec leurs photos souvenirs, surement pour annoncer fièrement sur les réseaux qu’ils étaient dans un musée le 19 mai. Comme moi. A la sortie du musée, les bruits de tasses qui s’entrechoquent. Des murmures perdus refont surfaces. La vie reprend doucement. Elle ne s’était pas arrêtée pourtant Paris semble retrouver peu à peu ce qui lui manquait. Ses poumons enfumés, à la terrasse d’un café.

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